"Pourquoi j'ai créé fyne." - L'histoire de Célia, cofondatrice

Se lancer dans la création d’une marque de bien-être sexuel, ça implique de se montrer et de parler (un peu ou beaucoup, selon son choix) de sa propre sexualité.
Un exercice auquel je me prête peu car cela suppose d’être un peu à l’aise en photo / vidéo et ce n’est pas forcément mon cas.
Mais je comprends le besoin, pour beaucoup, d’être rassuré et de connaître les personnes qui se cachent derrière une marque, notamment lorsque celle-ci veut s’inviter dans leur intimité
Alors, deux ans après avoir lancé officiellement fyne., et après avoir échangé avec vous, en avoir même rencontré certain.e.s et avoir entendu les histoires qu’on m’a confiées, j’ai eu envie de vous partager mon histoire aussi.

Comment est né fyne.

Avec Jalil, lors du shooting pour le site - Crédit : Edouard Ducos 

 

Certains le savent déjà mais fyne. est née d’une discussion avec Jalil (mon copain et co-fondateur de fyne.) sur notre sexualité et alors qu’on recherchait un lubrifiant naturel avec une odeur agréable. Quand on a vu qu’il n’existait, à l’époque (mai 2019), que très peu de sites/comptes qui traitaient du sujet de la sexualité par un autre prisme que celui de la pornographie et que pourtant en parler faisait beaucoup de bien, on s’est dit qu’on avait un espace à occuper avec fyne.
L’autre histoire, non connue puisqu’encore jamais racontée, c’est que lancer cette entreprise de bien-être sexuel (avec mon copain de surcroît) avait pour moi un double sens et un petit goût de revanche personnelle.
On pourrait croire que, parce que j’ai fondé une entreprise dans le bien-être sexuel, parce que j’utilise beaucoup les mots “vibro”, “vagin”, “masturbation”, “pénétration”, j’ai une relation facile et décomplexée avec le sexe. Et bien, c’est tout le contraire ! Mon premier rapport au sexe a été violent et traumatisant.

Comment a débuté ma relation au sexe.

J’avais 17 ans, mon copain de l’époque aussi, on était ensemble depuis quelques semaines. On était à une soirée dans une maison, avec d’autres amis, et rapidement il a eu une attitude insistante et “border”.
Au cours de la soirée, ce n’est pas allé en s’améliorant, il a commencé à me bloquer dans des recoins, des pièces inoccupées, me plaquait contre les murs, me maintenait les bras et jambes avec force. Je me débattais, disant non, échappant à la situation comme je pouvais. Au moment de se coucher, j’ai fait mine de dormir à poings fermés alors qu’il continuait ses tentatives. J’ai espéré si fort que l’alcool ait raison de lui et qu’il abandonne, ce qu’il a fini par faire.
Je me suis réveillée le lendemain matin soulagée mais paniquée, avec des bleus sur le corps me rappelant l’angoisse de la veille.
La relation s’est terminée le jour même. Mais j’ai mis des années à en venir au fait avec ce qu’il s’était réellement passé et l’impact que ça avait eu sur moi. J’ai associé la sexualité à ce moment traumatisant et je me suis dit “non, merci, très peu pour moi !”. 

L'impact sur moi

Par la suite, je n’ai laissé aucun garçon m’approcher pendant plusieurs années. Le simple fait qu’un garçon me touche, je sentais ma tête et mon corps tout entier se refermer, à double tour. Je me sentais également très mal à l’aise si je n’étais qu’avec des garçons, j’avais peur de passer pour une allumeuse et d’envoyer le mauvais signal si j’avais une jupe, des talons ou du maquillage.
C’était la période où tout le monde découvrait sa sexualité autour de moi et je me sentais totalement en décalage par rapport à mes amis. Mais je n’avais pas envie de reprendre l’exploration comme j’associais le sexe uniquement à mon expérience négative.
  
J’ai passé plusieurs années à me dire que j’avais un problème, à me sentir isolée, jugée et moquée
J’ai travaillé dessus, seule, de mon côté. J’en ai parlé à quelques confidentes très proches, j’ai écrit et analysé tout ça. 

Et puis...

J’ai fini par découvrir la sexualité sur le tard et pour moi il s’agissait simplement de “passer une étape”. Le plaisir ne faisait pas vraiment partie de l’équation. 
Puis j’ai découvert la masturbation.
Et là…
hello world !
Présentation de fyne. au festival Genres et Sexualités - Crédit : @mysteretbouledorgasme
De prendre conscience que je pouvais me faire du bien moi-même, que c’était quelque chose qui m’appartenait, de ressentir du positif associé au sexe, de me sentir en pleine possession de mon corps… c’était quelque chose de très fort, presque thérapeutique, la vraie découverte de ma sexualité.
C’est venu assez tard, ce qui, en soit, n’est pas un drame et mieux vaut tard que jamais. Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que si j’avais connu ça plus tôt, eu connaissance de cet outil (oui je pense que c’en est un) plus tôt, les choses auraient été différentes.
J’aurais peut-être moins associé la sexualité à cette expérience négative, j’aurais peut-être même su comment mieux réagir face à cette situation, non pas que j’ai mal réagi, mais j’aurais peut-être été plus “armée”.

L'équipe du site fyne. ! - Crédit : Edouard Ducos

Et c’est exactement pour ça que je vous en parle aujourd'hui. Pour souligner l’importance de se connaître soi-même. C’est par ce biais, à mes yeux, qu’on gagne en confiance en soi, que l’on s’accepte et qu’on s’aime tel que l’on est, et que l’on peut, par la suite, vivre d’autres relations de manière saine et sereine.

Ce que j'en retire

J’ai pu, grâce à fyne., échanger sur la masturbation avec beaucoup de personnes (majoritairement des femmes mais pas que). J’ai été surprise et soulagée de constater qu’on est nombreux.ses à en ressentir les bénéfices pour une relation à son corps et une sexualité épanouies.
Ce qui m’amène à la conclusion suivante et au message avec lequel je veux vous laisser : MASTURBEZ-VOUS
Pas pour les autres, pas pour la société, pas pour assouvir le fantasme de quelqu’un. Faîtes le pour vous. Pour vous connaître, connaître votre corps, vos désirs, vos blocages. Pour vous faire du bien, pour explorer, pour frissonner, pour vous libérer.

C’est pourquoi depuis 2 ans je travaille à la construction d’une marque et d’un environnement bienveillant, fun et ludique sur la masturbation et la sexualité.

C’est pourquoi depuis 2 ans je travaille pour mettre en avant des accessoires comme notre vibromasseur et notre lubrifiant, et des conseils de bien-être sexuel comme le magazine fyne., à utiliser seul.e ou à deux, pour encourager à une sexualité positive.

Pour que des expériences négatives, comme la mienne, puissent être transformées en positif

L'arrivée du coffret en rayon - photo personnelle

Alors oui on en rigole avec des memes et des jeux de mots sur Instagram mais mon message n’en est pas moins sérieux et honnête.
Et quand je lis vos avis, vos messages et vos témoignages, je me dis qu’on a réussi à bien le communiquer et vous donnez à la Célia perdue et isolée d’il y a quelques années du baume au cœur.

Je pense que je suis loin d’être la seule dans ce cas-là
alors libérons la parole !
Longue vie à une sexualité positive et épanouie !
#ITSFYNE

Merci à vous tous, et joyeux anniversaire fyne.🎂

Célia